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entre la nation groënlandaise et les Samoïèdes ou les Ostiaques, qui habitent sur les côtes du nord et du nord-est de la mer Glaciale, qu’on en trouve entre ce même peuple et les Kalmouks, les Tongouses et les Kamtchadales situés au nord-est de la Tartarie. C’est vraisemblablement de ces derniers que les peuples de qui descendent les Groënlandais seront entrés dans l’Amérique, poussés les uns par les autres ; car l’Amérique est si voisine de l’Asie boréale, que, vers le 66e. degré, l’on n’a qu’un très-petit détroit à franchir de l’une à l’autre. En Amérique, ces Tartares auront couru d’île en île jusqu’au détroit de Davis, d’où le hasard les aura portés au Groënland. Crantz cite à l’appui de cette conjecture le témoignage d’un missionnaire de la congrégation des frères Moraves. Cet homme, très-instruit de la langue groënlandaise, fit en 1764 un voyage à la terre de Labrador, sous la protection de Hugues Palliser, gouverneur de Terre-Neuve. Il rencontra, le 4 septembre, environ deux cents sauvages, dont un le reçut d’abord assez mal. Mais quand il se fut aperçu que le missionnaire avait l’habillement du pays, et qu’il en parlait la langue, il appela les autres sauvages, en leur disant : « C’est un de nos amis. » Ils le conduisirent dans leurs cabanes, et le comblèrent d’amitiés, quoique les Européens l’eussent averti qu’il y aurait du risque pour sa vie à s’exposer seul parmi les sauvages. L’année suivante, ce missionnaire retourna chez eux