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tre, mais surtout du côté de la faction d’Ausur. Enfin la paix fut faite, à condition que Sok, père d’Einar, paierait en argent le surplus des hommes tués dans la faction opposée à son fils.

Torfœus, qui rapporte ce fait, donne ensuite une liste de dix évêques du Groënland qui se succédèrent depuis l’an 1121 jusqu’à l’année 1343. Le baron de Holberg, dans son Histoire du Danemarck, en ajoute sept autres depuis cette dernière époque jusqu’à l’an 1408.

Crantz abandonne ici les ramas informes des historiens du Groënland pour chercher l’origine des habitans actuels de cette région. Il va d’abord dans la Vinlande, qui fut découverte par les Norvégiens, à peu près dans le même temps que le Groënland ; et cette Vinlande, dit-il, ne peut être que la côte de Labrador ou l’île de Terre-Neuve en Amérique. C’est de là, vraisemblablement, ou du Canada, que les Skrœlings, ou la race des sauvages actuels, entrèrent dans le Groënland vers le quatorzième siècle ; car ces sauvages ne pouvaient venir de l’Europe, à moins que ce ne fût par la Nouvelle-Zemble ou par le Spitzberg. Mais, depuis les découvertes qu’on a faites sur la mer Glaciale, on sait que ces terres ne sont point contiguës avec le Groënland. Il aurait donc fallu, pour passer de la Zemble ou du Spitzberg à la côte orientale du Groënland, traverser un grand espace de la mer Glaciale sur de petits canots, ou faire à pied ce long chemin de glace. D’ailleurs il n’y a pas autant de ressemblance