Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dont les Groënlandais font des vases ou cuves qui contiennent jusqu’à dix ou douze tonnes : celles-ci sont d’une mesure ou grandeur qu’on ne définit pas. De cette description géographique, informe, incertaine, et fort contestée entre les écrivains qui traitent de l’ancien Groënland, il résulte que les habitations ou colonies des Norwégiens s’étendaient jusqu’au 65e. degré de latitude, soit à l’orient, soit à l’occident.

Torfœus dit, d’après un ancien livre islandais du douzième siècle, que le froid n’est pas aussi vif au Groënland, du moins sur la côte orientale, qu’en Islande et en Norwége ; mais que les orages y sont plus violens, quoique assez rares et peu dangereux. Cependant La Peyrère, qui fut secrétaire d’un ambassadeur de France dans les cours du Nord, et qui adressa, en 1645, à La Motte-le-Vayer une relation du Groënland, rapporte, d’après des annales danoises, qu’en 1308 il y eut au Groënland un orage dans lequel une église fut brûlée par le feu du ciel ; et que ce tonnerre fut suivi d’une tempête qui renversa les sommets de plusieurs rochers, d’où elle fit voler au loin comme une pluie de cendres. À cet événement succéda l’hiver le plus froid qu’on eût encore vu ; de sorte que la glace ne dégela point de toute l’année.

Du reste, il n’y a point d’accord dans les descriptions qu’on nous donne des productions et de la fécondité du vieux Groënland, ni