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pays dépeuplé que du bétail, c’est-à-dire des bœufs et des brebis errant dans les campagnes, s’il est vrai que ces animaux aient pu vivre en un climat si froid, où l’on n’ose pas en transporter aujourd’hui. Mais qu’est devenue cette colonie orientale, où l’on comptait jusqu’à douze églises paroissiales et cent quatre-vingt-dix habitations ou villages ? Peut-être la mer aura-t-elle submergé tout à coup ces édifices et ces plantations ; ou bien, détournant vers cette côte le cours des glaces qui passent entre le Spitzberg et le Groënland, aura-t-elle rendu ce pays inabordable par l’orient. Il est probable que la nature y a fait elle-même une révolution qui aura rompu tous les liens et les moyens politiques de communication entre ces colonies et leur métropole. Voici tout ce qu’on rapporte au sujet de cette colonie orientale.

Un évêque d’Islande, vers le milieu du seizième siècle, poussé par la tempête à l’est du Groënland, vit, dit-il, sur le rivage, les habitans conduire leurs brebis et leurs agneaux. Mais comme c’était le soir, et que le vent le ramena tout à coup vers son île, on ne peut guère compter sur ce témoignage. Un négociant de Hambourg, qui, pour avoir été jeté trois fois sur les côtes du Groënland, fut surnommé le Groënlandais, dit qu’une fois ayant ancré dans une île déserte à la côte orientale de ce pays, il avait vu de là plusieurs îles habitées ; et que, s’étant approché d’une habitation, il y avait trouvé l’attirail d’un bateau et le cadavre d’un homme