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dans la partie occidentale du Groënland un peuple sauvage qui devait tirer son origine des Américains, comme on le conjecture par le caractère, la manière de vivre, et l’habillement des peuples situés au nord de la baie d’Hudson. On suppose que ceux-ci, qui ne diffèrent en rien des Groënlandais, auront avancé du nord au sud, où ils ont dû rencontrer les Norwégiens. Ainsi le Groënland aurait été peuplé successivement par les Américains et les Européens. Quoi qu’il en soit, on ignore les causes de la ruine des colonies de Norwége. On veut que la navigation ait été interrompue entre la Norwége et le Groënland par les périls et les obstacles dont la mer a couvert l’espace qui sépare ces terres. On ajoute que Marguerite, qui fut à la fois reine de Danemarck et de Norwège, vers l’an 1380, gêna d’abord le commerce du Groënland ; que n’ayant pas reçu les tributs qu’elle en attendait, elle en arrêta la navigation par des peines rigoureuses contre ceux qui l’entreprendraient sans sa permission ; et qu’enfin tous les voyages en cette terre, proscrite à tant de titres, cessèrent insensiblement par les guerres qui s’élevèrent entre le Danemarck et la Suède à la fin du quatorzième siècle. Dans le quinzième siècle, les Skrœllingers, ou sauvages du Groënland, désolèrent la colonie occidentale des Norwégiens, qui contenait, dit-on, quatre églises, et près de cent villages ou habitations. Quand ceux de la colonie orientale vinrent pour repousser les sauvages, ils ne trouvèrent dans le