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dais par leur multitude, par leurs œufs, qui sont une bonne nourriture, et par le duvet et les plumes, dont on fait un commerce très-lucratif.

Les Islandais distinguent dix sortes de canards, qu’ils désignent tous par des noms particuliers. Dans ce nombre il n’y en a que six sortes qui se mangent. Les meilleurs sont de la grosseur d’un pigeon. Mais l’espèce la plus estimée, la plus utile, est le canard à duvet, appelé en islandais aeder-fugl ; en allemand, eider-ente, et en latin anas mollissima, que nous avons décrit parmi les oiseaux du Spitzberg. Il y en a une grande quantité dans toutes les parties de l’île, mais le plus grand nombre se tient du côté de l’occident, parce qu’il s’y trouve de petites îles où ces oiseaux font leur retraite. Les habitans, ayant reconnu le bénéfice qu’ils tiraient de ces eider, ont arrangé plusieurs petites îles à quelque distance des côtes pour y attirer ces oiseaux ; aussi s’y en trouve-t-il une multitude infinie, parce qu’ils multiplient beaucoup. Quoique ce canard ait soin de choisir ainsi de petites îles désertes pour y établir son ménage, cependant, avec un peu de- précautions, on parvient à l’accoutumer à vivre près des habitations ; mais il ne faut alors garder ni chien ni bétail. J’ai moi-même été témoin, dit Horrebow, que les canards vont quelquefois habiter la terre ferme. Alors, si ceux qui les y ont attirés ne leur donnent point d’inquiétude, ils peuvent