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les plus vieux, déchirés et sales ; jamais elle ne se lave ; elle se coupe les cheveux ou ne paraît qu’échevelée ; et quand elle sort, elle a toujours une coiffure de deuil. La maîtresse de la maison qui reçoit les visites dit à tous ceux qui entrent : « Celui que vous cherchez n’y est plus, hélas ! il est allé trop loin ; » et les pleurs recommencent : ces lamentations se renouvellent pour une demi-heure chaque jour, durant des semaines et quelquefois un an entier, selon l’âge qu’avait le défunt ou l’importance dont il était à sa famille. Quelquefois on va le pleurer sur sa tombe ; et surtout les femmes aiment à lui réitérer ces tristes devoirs. Les hommes, moins sensibles, ne portent guère d’autres marques de deuil que les cicatrices des blessures qu’ils se font quelquefois dans les premiers transports de la douleur, comme une preuve d’une affliction profonde qui pénètre l’âme et le corps tout à la fois.

Rien ne convient mieux à la fin de cet article des funérailles qu’une chanson funèbre rapportée par Delager, et prononcée par un père qui pleurait la mort de son fils. Heureux encore les pères qui peuvent parler de ces sortes d’afflictions !


« Malheur à moi, qui vois ta place accoutumée, et qui la trouve vide ! Elles sont donc perdues les peines de ta mère pour sécher tes vêtemens ! Hélas ! ma joie est tombée en tristesse ; elle est tombée dans les cavernes des montagnes. Autrefois, lorsque je revenais le soir, je rentrais content ; j’ouvrais