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de peur d’en contracter une contagion de malheur. Tous les gens de la même maison doivent aussi mettre dehors tous leurs effets jusqu’au soir, où l’odeur du cadavre sera évaporée. Ensuite on pleure le mort en silence pendant une heure, et l’on prépare sa sépulture. On ne sort jamais le corps par la porte de la maison, mais par la fenêtre ; et si c’est dans une tente, on l’enlève par une ouverture qu’on fait par-derrière, en tirant une des peaux qui ferment l’enceinte de la tente. Une femme tourne autour du logis avec un morceau de bois allumé, disant pikserrukpok, c’est-à-dire, il n’y a plus rien à faire ici pour toi. Cependant le tombeau qui, pour l’ordinaire, est de pierre, se prépare au loin et dans un endroit élevé. On met un peu de mousse sur la terre, au fond de la fosse, et par-dessus la mousse on étend une peau. Le corps, enveloppé et cousu dans la plus belle pelisse du mort, est porté par son plus proche parent, qui le charge sur son dos, ou le traîne par terre. On le descend dans la tombe, puis on le couvre d’une peau avec un peu de gazon vert, et par-dessus on entasse de grosses pierres larges, pour garantir le corps des oiseaux et des renards. On met à côté de son tombeau son kaiak, ses flèches et ses outils ; ou si c’est une femme, on lui laisse son couteau et ses aiguilles, car les morts auraient beaucoup de chagrin d’être privés de ces attirails, et le chagrin ne fait pas de bien à leur âme. D’ailleurs bien des gens pensent qu’on a besoin de ces