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l’avoir cependant entouré d’un bandage de cuir de semelle fort épais. On est étonné de voir en combien peu de temps les os rompus se rejoignent, quand même il y aurait eu des esquilles dans la fracture.

Les Groënlandais n’ont guère de remèdes que pour les maux extérieurs, et ils guérissent promptement ; mais ils n’en ont point pour les maladies internes, dont ils abandonnent le soin à la nature. Ce sont, pour l’ordinaire, des consomptions et des crachemens de sang, qu’ils tâchent pourtant d’arrêter en mangeant d’une espèce de mousse noire qui croît sur les montagnes. Ils ont encore des diarrhées et des flux de sang qui leur prennent surtout au printemps, occasionés par l’usage du poisson, et surtout par les mûres de ronce qu’ils mangent toutes vertes. Ce peuple est aussi sujet à des langueurs et à des maladies de poitrine qui finissent par des fluxions, dont ils sont étouffés.

Ils ne connaissent point les fièvres ; mais s’ils sont attaqués d’un point de côté, maladie qui leur vient de flegmes arrêtés, ils en sont avertis par des frissons, suivis d’un peu de chaleur qui se soutient avec de violentes convulsions de poitrine. C’est la maladie la plus commune, la plus fréquente, et la plus tôt guérie par les remèdes ou la mort. Leur unique recours est à la pierre d’amiante, qu’ils mettent sur l’endroit où ils sentent la douleur ; elle attire ou fond sans doute l’humeur, comme elle dissipe les enflures. Depuis l’arrivée des Européens, ils se