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et ces croûtes qui leur viennent, dit-on, de la quantité de poisson dont ils se nourrissent, comme si la chair des animaux ne pouvait se convertir en notre substance sans qu’il nous faille leur ressembler par quelque endroit. La petite-vérole était une peste inconnue aux Groënlandais, lorsqu’en 1733 un jeune garçon, la leur apportant de Copenhague, leur causa tout à coup une perte de trois mille habitans, qui moururent de cet horrible fléau.

Ce peuple, dur et calleux, est quelquefois tourmenté de clous ou d’ulcères qui s’étendent de la largeur d’une de leurs assiettes, dont la matière, dit-on, contribue à leur donner de ces sortes de maux. Mais ils s’en guérissent par une large incision au travers de la plaie, qu’ils bandent ensuite avec un paquet de foin, ou quelque morceau de bois mince, pour que le frottement des habits n’envenime pas les chairs ; et ils se mettent à l’ouvrage, sans discontinuer.

Quand ils se blessent soit le pied, soit la main, ils les plongent dans l’urine, pour étancher le sang. Ensuite ils y appliquent de la graisse de poisson, ou de cette mousse qui leur sert de mèche, bien imbibée d’huile, et ils lient la plaie avec une pièce et des courroies de cuir. Mais si la blessure est large, ils la cousent avant de la panser.

Se cassent-ils un bras ou une jambe, ils tiennent le membre où est la fracture étendu jusqu’à ce qu’il se replace de lui-même, après