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au mal d’yeux ; ce qui prouve que cette poudre leur est peut-être plus utile qu’à beaucoup d’autres pays, où elle est devenue une nouvelle source de besoins, de dépenses, de vexations, de crimes et de peines.

Les Groënlandais saignent fréquemment au nez, par la trop grande abondance de sang que l’huile, la graisse et la chair de poisson leur occasionent. Quand ces pertes vont trop loin, ils prient quelqu’un de les sucer à la nuque du cou, ou bien ils se lient fortement les deux doigts annulaires ; ou, prenant un morceau de glace dans leur bouche, ils respirent de l’eau de mer par le nez, et le saignement cesse.

Ils éprouvent aussi des maux de tête et de dents, des vertiges, des pâmoisons, des paralysies, des hydropisies, des épilepsies, et des attaques de folie ; mais ces maladies sont assez rares pour qu’ils n’y fassent aucun remède ; ce qui ne contribue pas à les multiplier.

Ils sont sujets à deux sortes d’éruptions cutanées : l’une est une espèce de gale ou de rogne, accompagnée de petits boutons qui leur couvrent tout le corps, à l’exception des mains ; mais cette maladie de peau n’est pas de durée, ni contagieuse. L’autre est comme une lèpre qui, leur infectant tout le corps d’une teigne putride, suit le malade jusqu’au tombeau, et se communique. Mais aussi ces sortes de lépreux vivent à l’écart, et n’ont pour soulagement que la facilité de se racler et de faire tomber avec des plumes de faucon ces écailles