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les enfans, les gens crédules et les étrangers qui veulent les écouter. Du reste, s’ils ont peu d’astronomie, ils sont exempts d’astrologie et ne se tourmentent pas à chercher dans le ciel, ni dans le vol ou le chant des oiseaux, ce qui doit arriver sur la terre ; contens d’étudier et de prévoir les changemens des temps dans la température de l’air, et dans l’aspect de l’horizon nébuleux ou serein.

La médecine n’a guère fait plus de progrès au Groënland que les autres sciences. Voici en peu de mots l’histoire des maladies et des remèdes connus en ce pays.

Aux mois de mai et de juin, les Groënlandais ont les yeux rouges et larmoyans, ce qui vient des grands vents et de la réverbération des rayons du soleil réfléchis par les neiges et les glaces qui fondent. Ils tâchent de se garantir de cet éclat éblouissant avec une espèce de garde-vue ; c’est un morceau de bois mince et large de trois doigts, qu’ils s’attachent au front. D’autres portent devant les yeux une pièce de bois, où ils pratiquent des fentes pour voir à travers sans être blessés par l’éclat de la neige. Si le mal aux yeux continue, ils se font une incision au front, pour que l’humeur s’écoule par cette issue. Quand ils ont des cataractes, une bonne femme les leur cerne tout autour avec une aiguille crochue, et les enlève avec un couteau, si proprement qu’il est rare qu’elle échoue dans cette opération ; mais depuis que les Groënlandais ont l’usage du tabac, ils sont moins sujets