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qui tombent des rochers exposés à l’orient. C’est par la direction et la progression de ces ombres qu’ils prévoient le retour des phoques, l’arrivée ou le départ de certaines troupes de poissons ou d’oiseaux ; enfin le temps de plier leurs tentes et de rebâtir des maisons.

Ils divisent le jour par le flux et le reflux de la mer, dont ils subordonnent les périodes aux phases de la lune, tant qu’ils aperçoivent cet astre. La nuit est encore plus facile à diviser pour eux par le lever et le coucher de certaines étoiles.

C’est là tout ce qu’ils savent de la connaissance des temps. Quant à celle du monde en général, ils pensent que la terre est immobile sur ses gonds, mais que ses pivots sont tellement usés de vieillesse, qu’ils se brisent souvent, et que le globe serait en pièces depuis long-temps, si les angekoks n’étaient continuellement occupés à réparer ses ruines. Ces imposteurs les entretiennent dans cette illusion grossière en apportant quelquefois au peuple des morceaux de bois rompus, qu’il prend pour les débris de la grande machine. Le ciel ou le firmament a son axe appuyé, disent les Groënlandais, sur le sommet d’une grande montagne, placée au nord, et fait ses révolutions autour de son centre. Leur astronomie ne contient que des fables. Ils vous diront que tous les corps célestes sont des Groënlandais, ou des animaux qui, par une fatalité singulière, ont été transportés au firmament ; et qu’en consé-