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on ajoute quelquefois des syllabes différentes pour exprimer le bien et le mal des objets que ces noms représentent. Yglo signifie maison ; yglupiluk, une mauvaise maison ; yglopilursoak, une grande vilaine maison.

La langue groënlandaise n’a que cinq ou six prépositions : mik, avec et par ; mit, de ; mut, à ; me, dans ou sur ; kut et agut’, par et autour. Ces prépositions ne sont pas mises avant, mais après les noms. En général, les noms se combinent avec les prépositions et même avec les pronoms, de façon à ne faire qu’un mot composé de trois choses modifiées et altérées les unes par les autres. Ainsi, nuna, signifie terre ; aga signifie ma ; nunaga, ma terre ; et nunaumit signifie de ma terre. « Les pronoms possessifs, dit Égède, sont attachés à leurs substances comme les suffixes de Hébreux, et les Groënlandais n’ont pas seulement des suffixes de noms, mais encore des suffixes de verbes. » Ils aiment mieux adapter ainsi des mots accessoires au principal, et en fondre plusieurs en un seul, que d’allonger la langue par une suite de mots entiers et séparés. C’est pour cela qu’ils insèrent la négative ng, dans les corps des noms et des verbes où ils ont besoin de l’exprimer. Ermik signifie laver ; ermikpok, il se lave ; ermingilak, il ne se lave pas. Cette terminaison ngilak doit entrer dans tous les temps et les modes du verbe où l’on voudra mettre la négative. C’est par la variété des inflexions, et des terminaisons qu’on peut exprimer différen-