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l’euphonie ; et les femmes surtout ont une grâce particulière à adoucir le son nasal du ng qui se trouve dans plusieurs mots de leur langue. Elles ont encore l’art d’indiquer le sens des mots, et de donner à la langue l’expression significative qui lui manque, par l’accent, le ton, les mines et le clin d’œil. Il faut voir parler un Groënlandais, et non pas l’entendre, car il parle bien plus aux yeux qu’à l’oreille, et ses gestes sont plus éloquens que sa langue. Pour exprimer le consentement et l’approbation, ils aspirent l’air au fond du gosier avec un certain bruit : pour marquer la désapprobation et la négative, ils rident le nez, accompagnant cette grimace d’un reniflement assez fort.

Ils ont peu d’adjectifs, encore ne sont-ce la plupart que des participes, toujours placés après les substantifs qui commencent ordinairement la phrase. Ils n’ont ni genres ni articles. Leurs noms, ainsi que leurs verbes, outre les nombres singulier et pluriel, ont le duel ; distinction que les Grecs ont conservée de l’enfance des langues ; mais qui peut-être charge plus le langage qu’elle ne l’aide et ne l’embellit.

Dans les déclinaisons ils n’ont de particulier que le génitif désigné par l’addition d’un b à la fin d’un mot, ou d’un m quand ce mot doit être suivi d’un autre qui commence par une voyelle. Tous les autres cas sont distingués chacun par une préposition. Tous les noms ont leurs diminutifs et leurs augmentatifs, auxquels