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pour préserver des esprits, des maladies ou de la mort, ou pour garantir les enfans de la peur, mal qui, s’ils ne l’avaient pas, leur viendrait du remède. Les Groënlandais prétendent encore que ces amulettes portent bonheur ; et lorsqu’ils veulent attirer sur leurs enfans des talens et de l’industrie, ils prient un Européen de souffler sur eux l’esprit de son pays, ou de permettre qu’ils attachent à ces petites créatures un morceau de ses habits ou de ses vieux souliers. Quand on s’embarque pour la pêche de la baleine, non-seulement il faut éteindre toutes les lampes dans les tentes, de peur de blesser l’odorat fin et délicat de la baleine, mais les kaiaks sont aussi chargés d’amulettes, comme les pêcheurs, pour être préservés du naufrage. Cependant ils n’y sont que plus exposés par la folle confiance et la témérité que ces vaines sauvegardes inspirent aux hommes.

On n’attend pas sans doute un article sur les sciences dans l’histoire d’un peuple qui doit être le plus ignorant de notre hémisphère. Le mot savoir suppose des études, des spéculations, des méthodes, en un mot, des connaissances raisonnées. Si, dans nos états les plus policés de l’Europe la plupart des hommes qui ont reçu quelque éducation, disons même des grands, et quelquefois des ministres et des princes, restent dans une sorte d’ignorance sur toutes les choses qu’on leur a enseignées, mais dont ils ne peuvent se rendre compte à