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Ces ordonnances ne consistent qu’en des régimes indifférens, ou bien en des amulettes. Le régime se prescrit aux gens en santé comme aux malades. Quand un homme meurt, ceux qui se portent bien doivent s’abstenir de certains alimens et de certains travaux. S’ils ont touché le cadavre du mort, il faut qu’ils jettent les habits qu’ils avaient alors. Les femmes en couche, si l’on en croit les devins, ne doivent pas manger au grand air ; personne ne peut boire dans leur coupe, ni allumer la mèche de leur lampe, ni elles-mêmes ne doivent rien faire cuire. Elles mangeront d’abord du poisson, puis de la viande ; mais toujours de la chasse ou de la pêche de leur mari. Celui-ci ne doit travailler ni rien faire durant quelques semaines, si ce n’est pour le besoin extrême, de peur que l’enfant ne meure. On prétend que ces ordonnances sont d’utiles précautions pour la santé de la mère ou de l’enfant ; mais les mœurs et le tempérament des Groënlandais ne permettent guère d’imaginer tous ces ménagemens, à moins qu’on ne les ait jugés nécessaires pour favoriser ou conserver la population trop peu secondée par le climat.

Quant aux amulettes, elles sont en si grand nombre, que chacun se moque de celles d’un autre. C’est ordinairement un morceau de bois, de pierre ou d’os, un bec ou un ongle d’oiseau qu’on se pend au cou, ou bien quelques pièces de cuir qu’on s’attache autour du front, du bras, ou sur la poitrine. Ces reliques sont faites