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une pierre et lui adresser sa prière. À son apparition, l’adepte effrayé tombe mort, et reste trois jours dans cet état. Ensuite le grand esprit le ressuscite, et lui donne un génie familier, qui, l’instruisant de la science et de la sagesse utile à sa profession, le conduit dans les cieux et les enfers en très-peu de temps.

Mais ce voyage ne peut se faire avant l’automne : c’est la saison la plus favorable pour voyager au ciel, parce qu’on y peut monter alors par la commodité des arcs-en-ciel. D’un autre côté, les nuits de l’hiver et ses longues ténèbres sembleraient bien propres à ce pèlerinage, d’autant plus que la région des nuages qu’on compte pour le premier ciel est alors fort voisine de la terre. Quoi qu’il en soit, le nouvel angekok commence par battre du tambour, faisant toutes sortes de contorsions et grimaces pour arriver à l’enthousiasme par l’épuisement de ses forces. Ensuite il s’approche de la maison, prie quelqu’un de lui lier la tête entre les jambes, et les mains derrière le dos avec une corde, ordonnant que toutes les lampes de la maison soient éteintes et les fenêtres fermées ; car l’œil de l’homme ne doit pas être témoin de son entrevue avec l’esprit : personne ne doit se remuer, ni même se gratter la tête, de peur que l’esprit n’en soit troublé, c’est-à-dire, que la friponnerie ne soit découverte. Après que l’inspiré a commencé à chanter, accompagné des voix de l’assemblée en chœur, il soupire, souffle, écume avec un grand bruit