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frappa la terre de son bâton ; il en sortit une femme, et le monde fut repeuplé. Une des preuves existantes du déluge universel, ce sont, disent les Groënlandais, les débris de coquillages et de poissons qu’on trouve bien en avant dans la terre à une profondeur où l’homme n’habita jamais, et des os de baleine qui couvrent les montagnes les plus élevées. Si Crantz ne prête pas ici ses propres idées aux Groënlandais, ce peuple, qui ne voit pour ainsi dire que la mer, qui ne vit que sur cet élément et des productions de l’Océan, qui n’a jamais connu d’autre terre que la sienne, dont il aperçoit aisément les bornes, un tel peuple doit croire que la mer a couvert toute la terre.

Après une longe révolution de siècles entassés, le genre humain disparaîtra de la face du mondes ; le globe terrestre sera dissous et mis en pièces ; mais enfin il sera purifié du sang des morts par une vaste inondation : un vent séchera cette poussière bien lavée, la ramassera dans les airs, et la remettra dans une forme plus belle qu’auparavant. Dès lors on ne verra plus de rochers nus et décharnés, et toute la terre ne sera qu’une plaine riante, toujours couverte de verdure et de délices. Les animaux renaîtront pour peupler ces campagnes. Quant aux hommes, l’être d’en-haut soufflera sur eux, et ils revivront. Quel est cet être d’en-haut ? Les Groënlandais n’en savent rien ; mais ce peuple, qui se croit le premier-né de la terre, dit que les Européens sont issus de petits chiens