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l’a percé au plus près du cœur, pourvu qu’il reste à tous les chasseurs une part de la proie. Mais depuis que les Groënlandais ont eu des fusils, comme personne ne saurait reconnaître sa balle, il y a souvent des démêlés entre les chasseurs pour le droit et le partage du butin ; et ce ne sera pas sans doute le moindre tort que les armes à feu pourront causer à ce peuple sauvage. Si quelqu’un fait une trappe pour prendre les renards, et néglige de la tendre, celui qui l’aura tendue, après un certain temps, emporte l’animal qu’il trouve pris au piége. Quand un homme prête son canot, ou quelque outil, s’il s’y fait quelque dommage, le propriétaire n’a pas droit d’en exiger la réparation : aussi n’aiment-ils point à prêter ce qui s’use. Celui qui fait un troc, s’il n’est pas content de l’effet qu’on lui donne en échange, peut rompre le marché et reprendre ce qu’il a livré. L’acheteur qui ne paie pas sur-le-champ peut prendre à crédit ; mais s’il meurt avant d’avoir acquitté sa dette, le créancier du mort n’ira pas ajouter à l’affliction des parens qui le pleurent en réclamant ses droits. Cependant, après un certain temps, il peut en parler à la famille du débiteur, et reprendre son effet, s’il n’a pas été perdu parmi le trouble et le pillage qui se font toujours dans la maison où meurt un Groënlandais. Bien plus, quand un homme perd ou brise une chose prise à crédit, personne n’en peut exiger la valeur et le paiement.