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commun de ne point habiter l’hiver suivant avec le réfractaire, et qu’il sera fait mention de son indocilité dans les chansons de la première assemblée, si sa faute mérite cette censure publique.

Les Groënlandais n’ont que des mœurs et point de lois. Voici le précis de leurs mœurs, ou plutôt de leurs usages civils, tel que Crantz nous le donne d’après la relation de Dalager, facteur des colonies danoises au Groënland. Chacun va où il veut, et vit comme il lui plaît. S’il trouve des habitans dans l’endroit où il cherchait à s’établir, il ne s’y fixe pas, à moins qu’il n’y soit invité. La pêcherie et la chasse sont libres : on prend ce qu’on trouve, même une pièce de gibier ou de poisson qui serait dans les filets d’autrui, pourvu qu’il y en ait abondamment, et qu’on ne trouble point la piste et la voie des animaux et des chasseurs : point de réserves, point de lieux exclusifs, même pour les étrangers ; mais si ceux-ci voulaient former des prétentions inusitées, et s’arroger des droits et des priviléges à la façon de l’Europe commerçante, les naturels du pays leur céderaient la terre et la mer plutôt que d’avoir avec eux des altercations et des démêlés, et ils laisseraient, comme font les sauvages du Canada, des nations étrangères se disputer et baigner de leur sang un sol qui n’appartient à personne, et qui ne vaut jamais les injustices et les cruautés dont on l’achète. Quiconque a trouvé du bois flottant sur la