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besoin que les Groënlandais s’assemblent et s’invitent de toutes parts à manger ce qu’ils ont de meilleur, allant tour à tour de cabane en cabane chercher la bonne chère en attendant la peine. S’ils n’ont pas comme nous le barbare et sot plaisir de s’enivrer, en revanche ils mangent d’autant plus qu’ils ne boivent que de l’eau.

Quand ils se sont gorgés à crever, ils se lèvent de table pour danser au bruit du tambour. Cet instrument est fait d’un cerceau de baleine ou de bois, large de deux doigts, courbé en ovale, où l’on a tendu un vélin très-fort, quoique assez mince. Ce vélin est tiré de la peau d’une langue de baleine, et l’ellipse qu’il forme sur le tambour n’a guère qu’un pied et demi de longueur. Ce tambour, fait en forme de raquette, se tient, par un manche, de la main gauche tandis qu’on le frappe de la droite avec une baguette. À chaque coup, celui qui bat le tambour fait un saut, sans sortir de sa place, avec des mouvemens de tête et de tout le corps. La mesure est juste, et les temps sont marqués à deux coups pour la valeur d’une croche. Le ménétrier accompagne sa musique et sa danse d’une chanson sur la pêche aux phoques, sur les exploits maritimes de la nation, les hauts faits de ses ancêtres, et, sur le retour du soleil à l’horizon du Groënland. L’assemblée répond au chantre par des sauts et des cris de joie, entrecoupant les couplets de sa chanson de