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que le deuil, la tristesse, le silence et l’engourdissement de la mort. Cependant c’est alors, c’est au sein des ténèbres et de ce néant qu’une sorte de joie se réveille dans la plupart des contrées de la terre où les hommes n’ont plus que de faibles lueurs de lumière et d’espérance. On observe que tous les peuples ont eu et ont encore des fêtes à la fin, ou plutôt au renouvellement de l’année, et que ces fêtes désignent communément une naissance. Chez les Orientaux, c’était la naissance du soleil qui remonte sur l’hémisphère. En Perse, à Rome, le solstice d’hiver était principalement célébré. Il faudrait savoir si les Hottentots, les peuples du Chili, si tous les habitans de la zone tempérée australe ont de semblables fêtes au temps de notre solstice d’été. On verrait alors que le soleil a fait partout les mêmes impressions sur l’esprit des hommes. Mais si les fêtes des Groënlandais au retour de cet astre ne sont pas un reste d’antiques superstitions qui auront voyagé vers les pôles, ne doivent-elles pas être un effet naturel de l’inaction où se trouvent les humains durant le repos de l’année ? Quand le froid et la nuit les rassemblent autour de leurs foyers, au défaut des travaux qui doivent entretenir la chaleur et le mouvement, ne sont-ils pas obligés d’imaginer des jeux et des exercices, des festins et des danses, des moyens, en un mot, de faire circuler le sang dans leurs veines jusqu’aux extrémités du corps ? C’est sans doute par une suite de ce