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rêtent, et bâtissent une cabane pour hiverner mais préférablement dans le voisinage de quelque colonie danoise. La terre et la mer sont partout à eux ; et comme ces familles errantes séjournent tantôt ici, tantôt là, elles sont sûres de trouver partout des amis et des connaissances.

Le commerce en peaux de renards et de phoques, mais surtout le commerce d’huile d’animaux marins, se fait entre les nationaux et les étrangers ; et c’est pour cet objet que les Européens ont établi des comptoirs. Les Groënlandais ne reçoivent jamais d’argent en paiement, car la monnaie n’a point de valeur chez eux, ni sa matière point de prix : et peu leur importe d’avoir un collier d’or ou de laiton, des pendans de verre ou de diamans. Ils n’estiment les bijouteries de l’Europe que parce qu’elles brillent, et ne regardent pas de si près à la solidité de cet éclat. Plus d’une fois ils ont donné une guinée ou une piastre d’Espagne, qu’ils avaient dérobée à quelques navigateurs étrangers, pour deux charges de poudre à fusil, ou pour une once de tabac. Moins curieux de l’or qu’avides de fer, ils cherchent en matière d’échange d’abord des lames de harpon, des couteaux, des ciseaux, des scies, des vrilles et des aiguilles ; en second lieu, des toiles de lin ou de coton, de gros draps, des capes et des bas de laine ; des mouchoirs, des boîtes, des écuelles de bois, des plats d’étain, des chaudières de cuivre, des miroirs, des