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chacun des effets qu’ils trafiquent, donnant un meuble utile pour un jouet qui les amuse, préférant un colifichet à des outils, et ce qui leur plaît à ce qui peut leur servir.

Le trafic du Groënland se fait dans une espèce de foire, où est le rendez-vous général de la nation. C’est en hiver qu’elle se tient tous les ans à la fête du soleil ; on la fera connaître. Les Groënlandais vont à cette foire comme en pèlerinage ; ils y exposent leurs marchandises, et demandent celles qu’ils veulent en retour. Les habitans du sud n’ont point de baleines, ceux du nord point de bois. Il part des bateaux de la côte méridionale, et même de l’est du Groënland, qui font jusqu’à trois ou quatre cents lieues pour se rendre à la baie de Disko ; c’est là qu’ils échangent du bois et de la vaisselle de pierre ollaire pour des cornes et des dents de poisson, des barbes, des côtes, des os de queues de baleines ; ainsi ce commerce se fait presque tout entre les gens de la nation.

Dans ces voyages, ou pèlerinages maritimes, ils emportent avec eux toute leur famille et leur fortune. Soit inconstance ou curiosité, soit indifférence pour des lieux également inhabitables et peu commodes, ils s’accoutument tellement à mener une vie errante, que, s’ils ne sont pas promptement expédiés dans un endroit, ils vont porter leurs marchandises dans un autre. Souvent il se passe des années avant qu’ils retournent dans leur pays natal ; car si l’hiver les surprend quelque part, ils s’y ar-