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qu’ils mangent du blé, espèce d’herbe qui croît sur la terre, et la chair de divers animaux, dont quelques-uns ont des cornes. Ces gens-là, poursuit-on, se font porter d’un endroit à l’autre sur le dos de grands animaux extrêmement forts, ou bien dans des machines roulantes que ces bêtes traînent » Alors les Groënlandais appellent notre blé du gazon, nos bœufs des rennes, et les chevaux de grands chiens. Ils admirent tout ce qu’on leur raconte de l’Europe, et témoignent d’abord un grand désir de vivre dans un pays si fertile et si bien policé ; mais quand on leur dit que le tonnerre y tombe quelquefois avec de grands ravages, et qu’on n’y trouve point de phoques, ils n’ont plus d’envie de venir en ces contrées maudites du ciel et de la mer. Ils entendent parler volontiers de la Divinité, pourvu qu’on ne leur en dise pas des choses qui soient contraires à leur superstition ; et doit-on s’étonner que ce peuple, qui n’a, pour ainsi dire, que ses préjugés à lui, soit aussi jaloux de les conserver que tant d’autres nations peuvent l’être d’étendre et de propager les leurs ?

Le commerce des Groënlandais est très-simple ; c’est un trafic de leur superflu pour ce qui leur manque. Mais à cet égard ils sont souvent aussi capricieux que des enfans, parce qu’ils ne connaissent guère mieux le prix des choses. Curieux de tout ce qu’ils voient de nouveau, ils feront vingt trocs, et perdront toujours sur