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un art si utile a été abandonné généralement ; comment tous les habitans ont pu perdre à la fois l’habitude et le goût de labourer et de semer. On peut cependant présumer avec assez de fondement que l’affreuse mortalité qui, vers le milieu du quatorzième siècle, fit périr une si grande quantité de monde en Europe, et surtout dans les pays septentrionaux, ayant réduit les Islandais à un très-petit nombre d’hommes, les bras manquèrent à la culture, et qu’insensiblement la facilité de recueillir les pâturages fit abandonner les occupations plus pénibles et plus multipliées du labour, des semailles et de la récolte.

Depuis cette époque, si funeste à l’humanité, on ne trouve rien dans les annales islandaises qui concerne l’agriculture. L’auteur danois nous apprend que son souverain a fait passer dans l’Islande plusieurs paysans de Danemarck et de Norwége pour rétablir la culture des terres. Le climat de cette île ne peut contrarier les succès qu’on est en droit de se promettre, puisqu’en Laponie, où l’été est beaucoup plus court, on recueille de très-bonne orge ; six ou sept semaines suffisent pour la semer, la faire mûrir et faire la moisson. Nous avons de plus un fait qui démontre que ce blé viendra très-bien en Islande : il croît en certains endroits de cette île, surtout dans le canton de Skaptefield, une sorte de blé sauvage dont on fait une farine excellente, que les naturels du pays estiment autant que celle qu’on leur ap-