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pays pauvre l’hospitalité prévient la mendicité. Sans cette générosité réciproque, comme on est obligé d’aller chercher sa subsistance à plusieurs lieues de chez soi, l’on risquerait souvent de mourir de faim dans la route.

Le physique du climat et du sol a tant d’influence sur les mœurs et le caractère des nations en général, et surtout des peuples sauvages, qu’un philosophe devrait, pour ainsi dire, deviner tout ce qu’ils font ou ce qu’ils disent, en conjecturant leurs actions et leurs discours d’après les besoins et les ressources que leur a donnés la nature du pays qu’ils habitent. Les occupations des hommes s’exercent sur les productions de leur territoire, toutes leurs relations de commerce et de société roulent sur leurs occupations. On vit de ce qu’on recueille, on parle de ce qu’on voit ; il n’est donc pas difficile, sur le tableau qu’on vient de faire du Groënland, de juger de la vie sociale de ses habitans, de leur manière de commercer et de traiter ensemble, des visites, des repas, des conversations, des fêtes, des jeux, et de tous les plaisirs, qui les lient. Mais comme l’Histoire des Voyages n’est pas uniquement faite pour des philosophes, quoique ce soient ceux qui y trouvent le plus à profiter, on ne peut refuser à la curiosité du plus grand nombre des lecteurs quelques détails sur des objets qui, paraissant frivoles ou légers au bel esprit, deviennent importans pour les plus graves observateurs. Écoutons