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quelquefois embarrassés de dire aux étrangers les noms qu’ils portent, obligés d’en rougir, soit de modestie ou de honte.

Ils aiment passionnément leurs enfans. Les mères les portent partout où elles vont, et, quelque chose qu’elles fassent. Elles chargent ce doux fardeau entre leurs épaules, de la manière la moins gênante pour la mère et l’enfant. On tète, au Groënland, jusqu’à l’âge de trois ou quatre ans, parce que ce pays ne fournit point de nourriture propre au premier âge. Un enfant risque de périr quand on est obligé de le sevrer trop jeune, afin de donner le lait à un plus petit, ou si sa mère meurt avant qu’il soit assez fort pour supporter les alimens durs et grossiers de la vie commune.

Les enfans sont élevés sans violence ni châtiment. La sévérité n’est point nécessaire avec eux, parce qu’ils sont doux et paisibles comme des agneaux ; elle leur serait d’ailleurs inutile : on les tuerait avant de leur faire entendre ou vouloir par force ce que la raison et les caresses n’ont pu leur persuader. Les nourrices groënlandaises n’ont guère à souffrir des cris ou des inquiétudes du bas âge qu’après la première année et jusqu’à la fin de la seconde ; mais si, par impatience ou dureté, les mères battaient leurs enfans, elles s’exposeraient à tout le ressentiment du père, surtout s’il s’agissait de son fils, qu’il prétend faire respecter dès sa naissance comme l’est chez les peuples policés l’héritier d’un royaume. À mesure que