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patiemment cette infidélité de leurs maris. » Du reste, la fidélité conjugale essuie peu de brèches, ou du moins de scandales chez ce peuple simple et patient ; rarement des querelles bruyantes dans le ménage, ou de ces éclats fâcheux qui vont jusqu’aux coups, non que les mœurs autorisent le dérangement des femmes, mais la répudiation. Le mariage n’y connaît point de serment, surtout irrévocable. Quand un mari n’a point d’enfans, ou qu’il n’est pas content de sa femme, il lui jette un coup d’œil sinistre, sort de sa maison, et n’y reparaît point durant quelques jours. La femme entend ce que cela veut dire, fait un paquet de ses habits, et se retire chez des amis, menant une conduite sage et circonspecte pour rejeter l’odieux de son traitement sur le mari qui l’a chassée.

Quelquefois une femme rompt d’elle-même la société conjugale, quand elle ne peut point s’accorder avec les autres femmes de la maison où elle est entrée ; ce qui arrive d’autant plus aisément, que les belles-mères se prévalent de leur supériorité pour traiter leurs brus comme des servantes. Mais, en cas de séparation, les enfans mâles suivent leur mère, et même après sa mort ne retournent plus chez leur père pour l’aider dans ses vieux jours ; admirable police, qui donne à chacun des époux les meilleurs motifs de vivre toujours bien ensemble ! aussi voit-on peu de divorces. Souvent le mari désespéré n’a pas plus tôt quitté sa femme, qu’il