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leurs enfans, mais sans les forcer ; et ceux-ci, dès que les gages sont donnés réciproquement, ratifient cette espèce de contrat de mariage sans autre cérémonie que la cohabitation.

Rarement voit-on un mariage entre cousins, ou même entre des personnes qui ont été élevées ensemble, soit que la nature ou l’adoption ait cimenté leur parenté. Cependant, quelquefois un homme épouse les deux sœurs en même temps, ou la mère et sa fille ; mais ces exemples sont extraordinaires, et même odieux.

La polygamie, quoique tolérée au Groënland, n’y est point commune ; sur vingt maris, il n’y a guère qu’un polygame. Cependant l’usage de plusieurs femmes, loin d’être un crime, fait honneur au mari qui peut en entretenir plus d’une. Comme il serait honteux à un homme de n’avoir point d’enfans, et surtout point de garçon pour être le soutien de sa vieillesse, quiconque est assez riche pour en nourrir un grand nombre a droit à la pluralité des femmes ; mais la critique ne l’épargnerait pas, s’il accordait à l’incontinence une liberté restreinte au simple désir d’une postérité. C’est pourquoi l’on regarde comme un abus de la polygamie qu’un homme ait trois ou quatre femmes, et qu’une femme ait deux maris. « Avant l’arrivée des missionnaires, dit Égède, les femmes ne connaissaient point la jalousie ; elles vivaient ensemble en paix : mais depuis qu’elles savent que le christianisme défend la polygamie, elles ne souffrent plus si