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ticulière avec un homme, et qu’une jeune personne regarderait comme un affront l’offre d’une prise de tabac que lui ferait un garçon. » Quand un jeune homme veut se marier, et ce n’est jamais avant sa vingtième année, il prend une fille de son âge, et déclare à sa famille quel est l’objet de son choix, sans craindre qu’on lui donne une épouse qu’il n’aimerait pas. Il n’attend ni ne cherche une grosse dot, et n’ayant rien à porter lui-même en mariage, que ses habits, son couteau, sa lampe, et tout au plus une marmite de pierre, il n’exige de sa femme que le talent de tenir en ordre ce petit ménage : elle, de son côté, ne regarde dans l’homme que le mérite d’un bon chasseur. Les parens réciproques des deux époux consentent à ce que leurs enfans veulent ; car ils n’ont jamais ni l’intérêt ni l’envie de les gêner. Deux vieilles femmes sont chargées de négocier le mariage auprès des parens de la fille, et c’est par l’éloge du jeune homme qui la recherche qu’elles entament indirectement la négociation. Au nom de mariage, la fille se retire, n’y voulant point entendre, et met en pièces l’anneau de ses cheveux ; car c’est toujours le rôle de son sexe de rougir et de résister par une bienséance d’usage, même lorsqu’un homme est assuré d’avance qu’on se rendra. Cependant ce n’est pas toujours une feinte que ces refus, mais l’effet d’une répugnance qui pousse quelquefois une fille à des excès si violens, qu’elle tombe en pâmoison, se sauve dans les monta-