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sont ratissés de près, étendus sur la neige et suspendus à l’air pour devenir blancs ; et si on veut les teindre en rouge, on mâche le cuir avec les dents en y mêlant l’écorce des racines de pin, qu’on ramasse de ces débris de bois qui flottent sur la mer.

Quant à la peau des eiders, on l’enlève presque entière, à la réserve de celle de la tête, qu’on néglige. On en racle la graisse avec une coquille de moule ; ensuite on présente ces peaux aux hommes et surtout aux étrangers, pour les mâcher avec de la farine ; c’est même une politesse. Au sortir de la bouche, on les macère dans l’urine, puis on les sèche à l’air, et pour la perfection, on les polit finement avec les dents.

« Nous n’avons jamais vu (c’est Crantz qui parle), nous n’avons vu, dit-il, aucune action indécente, ni entendu aucune parole déshonnète chez les Groënlandais. Rarement les femmes produisent, encore moins cachent-elles des enfans illégitimes. C’est ce qui ne peut arriver qu’à une femme répudiée ou à quelque jeune veuve ; et cette personne, quoique méprisée, tâche de réparer le tort et la honte attachés à ses enfans en les vendant à un homme qui n’en aurait point, ou du moins en se faisant adopter avec eux dans la famille d’un homme qui ne voudrait pas l’épouser. Dans un pays où le climat n’invite pas au libertinage, telle est pourtant la retenue du sexe faible, qu’une femme n’a jamais de conversation par-