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se chauffer au soleil. Près d’un de ces grands trous on en fait un petit, par lequel un Groënlandais passe un harpon qui est au bout d’un grand bâton. Celui qui veille au bord du grand trou, voyant l’animal passer sous le harpon, fait signe à son camarade ; et celui-ci enfonce le fer dans l’amphibie, de toutes ses forces. Si le chasseur aperçoit un phoque sur la glace, il imitera quelquefois son grognement, de façon que l’animal, le prenant pour un être de son espèce, le laisse approcher jusqu’à la portée du harpon, et se trouve surpris et tué sans avoir le temps de fuir.

C’est ici le lieu de rendre compte de l’usage que font les Groënlandais des peaux des animaux qu’ils prennent, ou plutôt de leur manière de préparer ces peaux pour en faire des habits, des souliers et des bottes, ouvrages réservés aux femmes.

La peau de phoque est d’abord ratissée pour en ôter le poil, puis trempée vingt-quatre heures dans l’urine, afin d’en détacher l’huile ou la graisse, ensuite fortement tendue avec des chevilles sur le gazon, où on la fait sécher ; enfin, pour la mettre en œuvre, on l’arrose d’urine, on la frotte avec la pierre ponce, et on l’assouplit en la roulant entre les mains.

Le cuir de semelle est d’abord mis dans l’urine deux ou trois jours ; on le retire pour en arracher le poil avec un couteau ou avec les dents, puis on le remet trois jours dans l’eau fraîche, et on le fait sécher bien tendu.