Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

où les Groënlandais font la même manœuvre que les hussards à la guerre. Dès que l’animal se montre, tous les pêcheurs fondent sur lui comme s’ils avaient des ailes, faisant un bruit affreux ; le phoque plonge, les hommes se dispersent sur ses traces, attentifs à observer l’endroit où ils imaginent qu’il reviendra sur l’eau ; c’est pour l’ordinaire à près d’au mille du lieu de sa première apparition. Si la bête avait une enceinte à parcourir de trois ou quatre lieues, elle occuperait ses ennemis l’espace de deux heures avant d’être rendue. Quand l’animal effaré cherche la terre pour refuge, il y est accueilli à coups de pierres et de bâtons par les femmes et les enfans qui l’attaquent de front, et percé de dards et de lances par les hommes qui sont à ses trousses. Cette chasse est d’autant plus attrayante et récréative pour les Groënlandais, que chacun y prend souvent huit ou dix phoques pour sa part.

La chasse d’hiver se fait à la baie de Disko. Comme les phoques pratiquent alors des trous dans la glace pour y venir respirer l’air, un Groënlandais vient s’asseoir à côté sur une petite sellette, mettant ses pieds sur une autre pour les garantir du froid ; dès que l’animal avance le museau, l’homme le perce d’un harpon, rompt aussitôt la glace tout autour, tire la bête accrochée, et la tue à coups redoublés. Quelquefois un homme s’étend ventre à terre sur une espèce de traîneau, le long des trous par où les phoques montent sur la glace pour