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du côté où la proie a plongé, puis il recueille et remet dans son bateau le fût de son harpon ; et l’animal tire à lui la vessie, et l’entraîne souvent sous l’eau ; mais, c’est avec peine, parce qu’elle est fort grosse ; aussi ne tarde-t-elle pas à reparaître suivie du phoque qui vient reprendre haleine. Le Groënlandais observe la place où la vessie se montre pour attendre l’animal et le percer avec la grande lance qu’on a déjà décrite. Toutes les fois que le phoque revient, on lui enfonce ce dard jusqu’à ce que ses forces soient épuisées ; alors on va droit à lui la petite lance à la main, et l’on achève de le tuer. Dès qu’il est mort, on a soin de boucher ses blessures et d’arrêter la perte du sang ; ensuite on le souffle pour l’enfler et le faire surnager plus aisément, attaché par une corde à la gauche du kaiak.

Cette façon de pêcher est la plus dangereuse, quoique la plus usitée, et les Groënlandais l’appellent kamavok, pêche à extinction, parce qu’il y va quelquefois de la vie de l’homme ; car la corde peut se nouer d’elle-même en filant, ou s’embarrasser autour du kaiak, et l’entraîner, dans ces deux cas, au fond de la mer : elle peut dans le développement de ses replis, accrocher la rame ou même le pêcheur, en s’entortillant autour de sa main et de son cou, ce qui arrive quand la mer est grosse au point que ses lames fondent sur le pilote avec les brasses de corde dont elles l’enveloppent. Le phoque peut lui-même, revenant sur le kaiak,