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Mais quand ils ne peuvent plus s’aider eux-mêmes, ils apprennent à sortir la tête de dessous le kaiak renversé, et à crier au secours ; et s’ils ne voient personne qui puisse les assister, ils s’attachent et se lient pour ainsi dire au kaiak, afin que, si l’on trouve leur corps, il ne soit pas privé de la sépulture.

Lorsque les Groënlandais sont parvenus à l’âge d’endosser le harnais ou l’habit de mer, c’est-à-dire quand ils ont assez de force, d’adresse et d’habileté pour commencer le métier de toute leur vie, ils vont à la pêche du phoque, qui se fait de trois façons, ou dans le kaiak d’un homme seul, ou à la battue en campagne, ou l’hiver sur la glace. La première façon est la meilleure et la plus commune. Aussitôt qu’un pêcheur, embarqué avec tout son attirail, aperçoit un phoque, il tente de le surprendre à l’improviste, pendant que l’animal, allant contre le vent et le soleil, ne peut entendre ni voir l’homme qui l’attaque par-devant. Celui-ci se cache même derrière une grosse lame, et s’avance vite et sans bruit jusqu’à la portée de cinq ou six brasses, tenant son harpon, sa corde et sa vessie tout prêts à lancer. Il prend sa rame de la main gauche, et le harpon de la droite par le manche. Si le harpon frappe droit au but et s’enfonce dans les flancs de l’animal jusqu’au bout des barbes de l’os de baleine où le fer est enchâssé, il se détache du fût qui reste flottant sur les eaux. Dès que le coup a porté, le pêcheur jette la vessie dans la mer,