Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nant d’une main par-devant, et de l’autre par-derrière, ils se relèvent du fond des eaux comme avec un balancier, dont ils font monter le centre de gravité.

Mais pour prévenir les cas où la rame leur échapperait au moment que le canot viendrait à pirouetter, ils la laissent exprès aller sous le kaiak, et tâchent de la rattraper avec les deux mains, et de s’y suspendre en l’agitant de côté et d’autre pour remonter avec cet aviron, qui leur sert de planche dans le naufrage. D’autres fois ils jettent leur rame, s’élancent hors du bateau pour la reprendre, la saisissent et l’entraînent avec tant de force au fond de la mer, qu’en frappant perpendiculairement contre le sable ou le roc, elle rebondit et revient sur l’eau avec eux. Mais s’ils ne peuvent l’attraper, ils prennent le manche du harpon pour ramer, sinon ils se servent de la paume de la main pour battre l’eau et regagner le dessus ; mais c’est à quoi ils ont rarement le bonheur de réussir.

La jeunesse s’exerce aussi parmi les écueils cachés sous les flots, dans les endroits où les vagues sont le plus agitées, et où l’homme, nageant entre deux courans opposés, peut être submergé par l’un ou ballotté des deux à la fois, et périr dans cette lutte. Toute la ressource consiste alors à se tenir en équilibre, en balançant soi-même le bateau sur les vagues, de façon à seconder le mouvement et à gagner ainsi peu à peu le rivage par le secours de la tempête.