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sera pas fâché de voir par quelle suite et quelle variété d’exercices ils s’accoutument dès l’enfance à surmonter tant de périls et d’obstacles que la nature semble avoir entassés et multipliés autour d’eux sur le plus redoutable des élémens.

Les enfans apprennent d’abord à nager, tantôt sur un côté, tantôt sur l’autre, avec une rame à la main, qui leur sert de balancier, et les aide à se relever sur l’eau, pour peu que leur corps y enfonce. Ensuite ils plongent d’eux-mêmes la tête en bas, et d’un coup d’aviron se redressent sur le côté qu’ils veulent. Ces premiers exercices les aguerrissent aux dangers qui sont les plus ordinaires dans le gros temps ; mais il peut arriver à la pêche des phoques que la rame se trouve engagée dans les courroies, ou que l’homme vienne à la perdre, ou qu’il soit lui-même embarrassé dans les cordes de sa ligne.

Pour se prémunir contre ces accidens, les enfans s’amusent, en jouant sur l’eau, à dégager, par de certains mouvemens adroits, la rame qu’ils ont laissée exprès arrêtée au bateau ; tantôt ils en prennent un bout entre les dents, et de l’autre bout qu’ils tiennent dans les mains ils poussent l’eau en avant ou en arrière, pour surnager tout droits ou renversés sur le ventre ; tantôt ils passent la rame derrière le dos ou le cou, et l’agitent si bien des deux mains, à droite et à gauche, qu’ils remontent sur l’eau ; tantôt, la mettant sur une épaule, et la pre-