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Les Groënlandais en pavent d’abord le sol ou l’emplacement de pierres plates, sur un carré oblong. Entre ces pierres ils fichent depuis dix jusqu’à quarante pieux ou longues perches qu’ils appuient à la hauteur d’un homme contre une espèce de châssis, auquel on les attache en forme de baldaquin, dont le sommet se termine en pyramide. Ils enveloppent cette palissade d’une double couverture de cuir de phoque ; et les gens riches tapissent l’intérieur de leurs tentes de belles peaux de rennes, dont le poil fait la décoration. Les pelleteries de la couverture, qui descendent jusqu’à terre, y sont fixées avec de la mousse surchargée de pierres, afin que le vent ne renverse point la tente. Ils attachent à l’entrée, au lieu de porte, une courtine. Ce rideau, fait de boyaux les plus minces et diaphanes, proprement cousus, est bordé de fil rouge ou bleu, et suspendu par des anneaux de cuir blanc. Il sert à donner du jour et à garantir de l’air. Cette entrée donne dans une espèce de vestibule fermé par une tenture de peau, et dans lequel se trouvent les provisions de bouche et les baquets d’urine. La cuisine ne se fait point sous les tentes, mais en plein air, dans des chaudières de cuivre, qu’on fait bouillir à force de bois. La maîtresse de la maison a sa garde-robe et sa toilette dans un coin de la tente, où elle attache tous ses habits, son miroir, sa pelote et ses rubans, sous un grand rideau de