Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deur forte des lampes, des poissons et des viandes de la chaudière, des pelleteries qui servent de tentures et de vêtemens, et par-dessus tout de l’urine qu’on laisse croupir dans ces maisons, en fait un domicile très-incommode pour des étrangers. Cependant, comme les odeurs les plus désagréables ne sont pas toujours malsaines, on s’y habitue à la longue. Les Groënlandais vivent même assez long-temps dans ces cabanes étroites, où ils ont su renfermer tous leurs désirs, et satisfaire à tous leurs besoins avec un ordre et une tranquillité admirables, contens d’une pauvreté dans laquelle ils se croient plus riches et sont réellement plus heureux que nous avec nos palais, nos mets, nos vins et nos parfums exquis.

Au-dehors de l’appartement, ils ont une espèce d’office où ils mettent, pour les besoins du jour, soit de la viande, soit du poisson séché, tandis que leurs grandes provisions se conservent sous la neige. Près de là se voient leurs canots renversés et suspendus à ces mêmes poteaux où sont attachés leurs ustensiles et leurs armes pour la chasse et la pêche. C’est dans ces maisons qu’on se retire à la fin de septembre, jusqu’au mois d’avril et de mai, temps où la fonte des neiges, qui menace le toit et les fondemens de ces édifices, oblige les habitans à aller camper sous des tentes. Voici le plan de la construction de ces logemens d’été.