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commencent à changer quelque chose dans leur parure, et les plus riches ceignent leur front d’un ruban de fil ou de soie, mais de façon que les touffes de cheveux qui font leur plus bel ornement ne soient pas couvertes ou cachées. Celles qui aspirent à la suprême beauté doivent porter sur le visage une broderie faite avec un fil norci de fumée ; on leur passe ce fil entre cuir et chair sous le menton, le long des joues, autour des pieds et des mains. Quand il est retiré de dessous l’épiderme, il y laisse une marque noire qui ressemble à de la barbe. Les mères font cette pénible opération à leurs filles dès la tendre enfance, afin qu’elles ne risquent pas de manquer de mari. Crantz dit que les Groënlandaises baptisées ont abandonné cette vanité mondaine comme un sujet de tentation au péché. Peut-être qu’ailleurs les femmes devraient prendre cette mode comme un préservatif contre les tentations. Enfin telle est la propreté du Groënland : les hommes ne se lavent jamais cependant, quand ils reviennent de la mer, ils se lèchent les doigts et se les passent, comme les chats, sur les yeux, pour adoucir ou corriger par leur salive l’âcreté des sels de la mer. Les femmes se lavent, mais avec leur urine, soit pour faire croître leurs cheveux, soit pour avoir une odeur plus suave, ou moins forte sans doute que celle de poisson : c’est leur eau de senteur favorite. Quand une jeune fille s’en est parfumée, on dit d’elle, ni-