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pendent au-dessus de la fontaine ; tout s’y cuit de la même façon que sur un grand feu, sans qu’aucune mauvaise odeur se communique aux alimens ni à l’eau de la marmite. Les voyageurs tirent de même un bon parti de ces sources, en y suspendant la théière qu’on porte ordinairement en voyage, et elle bout en moins d’un demi-quart d’heure.

Près de Krusevik est une de ces fontaines bouillantes où le voyageur danois dit avoir vu un homme qui était occupé à courber des cerceaux, sans employer d’autre moyen que celui de tremper ses perches dans l’eau chaude. Quoiqu’elles eussent plus d’un pouce d’épaisseur, elles acquéraient un tel degré de flexibilité, que l’ouvrier paraissait faire ses cerceaux sans aucune peine. « Cependant, observe Horrebow, il était obligé de s’éloigner de la source d’heure en heure, quelquefois même plus tôt, pour respirer un autre air : ce qui rendait cette précaution nécessaire, c’est que la fontaine, qui est environnée de soufre, d’alun, de salpêtre, et de toutes sortes de terres colorées, exhale une odeur aussi infecte que dangereuse. J’ai moi-même, ajoute-t-il, ramassé dans cet endroit différens échantillons de cette terre ; mais l’odeur qu’exhalait cette source était si forte, que je ne pus la supporter que très-peu de temps. »

Les Islandais tirent encore un bon service de ces eaux chaudes ; ils en forment des bains, dont on tempère la chaleur comme on veut.