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tes d’ordures. Il est également singulier que la chair de cochon ait de tout temps déplu aux peuples les plus sales, et qu’elle soit encore recherchée des plus raffinés en propreté.

Les Groënlandais abhorraient autrefois les liqueurs fortes, qu’ils appelaient de mauvaise eau. Mais ceux qui commercent avec les Européens en boivent très-volontiers, surtout quand elles ne leur coûtent rien. Ils feindront quelquefois de se trouver mal pour qu’on leur donne du brande-vin, et c’est en effet leur vie et leur salut dans les indigestions.

Ils aimeraient aussi le tabac à fumer, s’ils en avaient à discrétion ; mais il leur manque souvent, d’autant plus qu’ils en font sécher les feuilles sur un plat chaud, et les pilent ensuite dans un mortier de bois pour en prendre par le nez. Ils sont même tellement accoutumés à cet usage dès l’enfance, qu’ils ne peuvent en quitter l’habitude, et ce serait peut-être un mal pour eux d’y renoncer, à cause de l’abondance des humeurs que la fumée des cabanes leur fait couler des yeux, qu’ils ont naturellement affaiblis par la neige.

Les Groënlandais sont à proportion mieux traités de la nature pour le vêtement que pour la nourriture ; et la peau des animaux leur manque moins que la chair : ils ont des fourrures de toute espèce. Leur vêtement de dessus est une sorte de robe longue, cousue de tous les côtés, faite de façon à la passer comme une chemise par-dessus la tête, en y fourrant