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Ce peuple est très-malpropre à table comme partout ailleurs. Rarement ils nettoient leurs chaudières ; mais les chiens leur en épargnent la peine avec la langue. Cependant ils ont soin de leur vaisselle de pierre ollaire. Ils mettent leurs viandes bouillies dans des plats de bois, après avoir bu le bouillon ou mangé la soupe avec des cuillères d’os ou de bois. Mais leurs viandes sèches sont étalées par terre ou sur un vieux cuir ; c’est là leur nappe : ils prennent le poisson dans le plat avec les mains, et le dépècent avec les dents ; pour la viande, c’est avec les dents qu’ils la happent, comme ferait une meute. À la fin du repas, leur couteau leur tient lieu de serviette ; ils s’en raclent les dents et la bouche, lèchent la lame, puis leurs doigts, et l’on sort de table. De même, quand ils sont couverts de sueur, ils la ramassent et la portent à la bouche pour n’en rien perdre. Lorsqu’ils veulent traiter un Européen avec toute la politesse de leur pays, ils lèchent d’abord le morceau qu’il doit manger, pour nettoyer le sang et l’écume qui s’y étaient attachés dans la chaudière ; et si l’on refusait une offre si friande, ce serait manquer de civilité que de ne pas accepter la leur. Ce sont à cet égard les mœurs de tous les sauvages.

Ceux du Groënland mangent quand ils ont faim. Mais leur principal repas se fait le soir, au retour de la pêche ; alors on invite les voisins qui n’ont rien pris, sinon on leur envoie une portion du butin. Les hommes mangent à part,