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bruyère. Cette nation a ses ragoûts et ses sauces comme une autre.

Par exemple, on prend des œufs frais qu’on mêle avec des baies de ronce et avec de l’angélique ; on jette le tout dans une outre de phoque remplie d’huile : c’est un excellent cordial pour l’hiver. On arrache avec les dents la graisse qui tient à la peau des eiders ; et quand on prépare les peaux de phoque, on racle avec un couteau la graisse qui était restée de l’animal écorché : de ce mélange il se fait une espèce d’omelette, qui est le mets délicieux et favori des Groënlandais. Ils ne boivent point l’huile de baleine, comme on l’a débité, la réservant pour les lampes ou pour leur trafic ; mais ils mangent volontiers des loddes secs dans la graisse de phoque, dont ils se servent aussi pour frire le poisson, ayant l’attention de la bien mâcher avant de la cracher dans la poêle. Leur boisson est de l’eau claire qu’ils tiennent chez eux dans des fontaines ou vases de cuivre, ou dans des auges de bois qu’ils font eux-mêmes très-proprement, et qu’ils ornent d’anneaux et d’os, ou d’arêtes de poisson artistement travaillés. Ils ont soin d’entretenir cette provision par un supplément d’eau fraîche qu’ils vont chercher chaque jour avec une cruche ; c’est une peau de phoque bien cousue, et qui sent le cuir à demi-tanné. Pour rafraîchir leur eau, qui s’échauffe promptement dans leurs cabanes, ils y jettent un morceau de glace ou de neige.