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ni saillant ; une bouche communément petite et ronde ; la lèvre inférieure un peu plus grosse que celle d’en haut. Leur couleur en général est olivâtre ; leur teint est brun, mais animé d’un rouge vif ; ce qui prouve qu’ils ne sont pas naturellement bruns (car leurs enfans naissent assez blancs), mais que cette couleur sombre leur vient de la malpropreté où ils vivent ; toujours dans la graisse ou dans l’huile, assis à la fumée de leurs lampes, et se lavant très-rarement. Que si le climat contribue à leur donner à la longue cette couleur d’olive, peut-être sera-ce un effet de la brusque alternative de froid et de chaud qu’ils éprouvent, passant tous les ans d’un hiver excessivement long et rigoureux aux chaleurs brûlantes d’un soleil qui reste près de deux mois sur l’horizon. Mais il est probable qu’ils doivent le fond brun de leur teint à leur nourriture onctueuse, épaisse et grasse, qui s’incorpore et s’insinue si bien dans leurs veines, que leur sueur en contracte une odeur d’huile et de poisson, et que leurs mains sentent le lard de phoque qu’ils mangent et touchent perpétuellement. Cependant il y a des Groënlandais passablement blancs qui ont les joues rouges, et le visage d’une rondeur point trop marquée ; en sorte que, dans certaines montagnes de la Suisse, ils ne passeraient pas pour étrangers.

Le Groënlandais a les cheveux noirs, épais, forts et longs, mais rarement de la barbe, parce qu’il se l’arrache ou l’épile. Il a les mains pe-