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peuple du Groënland peut se passer de tout le reste, et sans cette ressource il manquerait de toutes les autres. Aussi distingue-t-on un vrai Groënlandais à la pêche des phoques comme on reconnaissait un Romain à la guerre. Cette pêche fait toute la gloire et la fortune de la nation. On y combat pour ses foyers ; c’est l’art suprême où se forme et s’exerce la jeunesse ; art pénible et hasardeux, qui n’assure leur subsistance qu’au risque de leur vie : mais c’est aussi de là que dépend le salut du peuple.


CHAPITRE III.

Habitans du Groënland.

Les Groënlandais, qui s’appellent eux-mêmes innuit, c’est-à-dire hommes, pour se distinguer des autres nations dont ils ne connaissent souvent que les vices, reçoivent des Islandais le nom de Skraellinger, par mépris pour la petitesse de leur taille, qui reste presque toujours au-dessous de cinq pieds de hauteur. Cependant elle est bien conformée, et dans les justes proportions d’un bel ensemble. Du reste, ils ont un visage large et plat, des joues rondes et potelées, mais dont les os s’élèvent en avant ; des yeux petits et noirs, mais sans feu, sans étincelle d’esprit ou d’âme ; un nez qui, sans être plat, n’est point assez grand