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passent ; mais est-ce par ce canal, au 69e. degré, ou par le détroit de Smith au 68e., ou bien font-ils le tour du Groënland par une mer ouverte au nord sous le pôle ? Quel que soit leur chemin, ils passent devant l’Islande, et reviennent, par le cap des États, à la baie d’où ils étaient partis.

Il n’y a point de peuple à qui les phoques soient d’une aussi grande nécessité qu’aux Groënlandais, puisque la mer est leur champ, et la pêche leur moisson : ils ont plus besoin de ces troupeaux marins que l’Européen de moutons, et l’Indien de cocotiers ; car ces animaux leur fournissent, outre la nourriture et le vêtement, de quoi couvrir des tentes pour se loger et des canots pour naviguer. Joignez à ces avantages que la graisse du phoque donne de l’huile pour les lampes, et peut entretenir le feu de la cuisine et des chambres ; que cette huile sert à conserver le poisson sec, et qu’enfin le phoque est l’objet et la matière d’un commerce d’échange avec toutes les denrées qui manquent au Groënland. De plus, les fibres de cet animal valent mieux pour coudre que le fil et la soie ; la peau de ses boyaux tient lieu de vitres aux fenêtres, de rideaux, de portes, et même de chemises, tandis que les vessies servent de bouteilles ou d’outres pour l’huile. Les os de ce monstre suppléaient jadis au fer pour les outils et les instrumens. Son sang même n’est pas inutile ; on en fait une sorte de bouillon pour la soupe. En un mot, avec les phoques, le