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seconde émigration est de la troupe entière, qui sort au mois de mars pour faire ses petits, et revient au mois de juin en famille nombreuse comme un troupeau de brebis, mais en mauvais état et fort maigre, au lieu que ceux de l’autre voyage se sont engraissés. Dans la seconde excursion, ces animaux ont un temps et une route fixes pour s’en retourner comme les oiseaux de passage, et l’on peut les suivre à la piste. On sait qu’ils reviennent d’abord du midi ; que, vingt jours après leur départ, ils sont à quatre-vingts ou cent lieues plus au nord. On s’attend à les voir sur la fin de mai à Fredrics-Haab ; au commencement de juin, à Bonne-Espérance, et ainsi du reste, avançant toujours vers le nord avec le soleil. Arrivés au détroit de Davis, on les voit durant plusieurs jours ; les uns restent, les autres vont encore plus loin : mais où ? c’est ce qu’on ne peut déterminer avec la même certitude. Ils ne disparaissent pas sous les eaux, car ils ont besoin de respirer l’air : ils ne vont point en Amérique, puisque ce serait tourner à l’ouest, et que les navigateurs ne les ont jamais vus dans cette saison sur la mer libre. D’un autre côté, ils ne peuvent s’établir dans les glaces, ni faire leurs petits parmi les rochers inhabités ; car c’est toujours du sud et jamais du nord qu’on voit arriver les jeunes phoques. Il faut donc qu’ils trouvent un passage par quelque détroit ignoré, tel que le canal qu’on suppose ouvert, de la baie de Disko à la côte orientale du Groënland, où il est certain qu’ils